Des candidats attrape-voix. Normal ?
Paul Piret - Mis en ligne le 05/04/2007 - La Libre Belgique
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Candidats virtuels, embrouille assurée !
Il est pourtant difficile de lutter contre le phénomène.
En Région wallonne, on y est tout de même parvenu pour une situation : on ne peut plus être à la fois parlementaire et candidat au scrutin provincial.
Immanquable. De nouveau, le 10 juin, il va arriver que l'électeur puisse choisir des candidats dont il ignore s'ils veulent siéger là où ils se présentent; voire qui se présentent en annonçant déjà qu'ils n'iront pas là où ils seraient élus. On songe surtout mais pas seulement à des parlementaires, et plus encore à des ministres des Régions et Communautés, embarqués dans un scrutin qui, parce que fédéral, ne les concerne pas directement.
Bien sûr, une situation n'est pas l'autre. Ainsi, les ministres VLD flamands et bruxellois se pointent en suppléants; de même que Jean-Michel Javaux pour Ecolo, dernier suppléant sur Liège pour bien montrer, disent les verts, que leur secrétaire fédéral n'est pas prêt à siéger. Autre chose déjà est de venir en queue de candidats effectifs, tels deux Européens en lice au Sénat : le député Busquin au PS, le commissaire Michel au MR, l'un et l'autre - le second surtout - attendant du verdict électoral qu'il détermine une possible réorientation fédérale. Telle liste du MR, dans le Hainaut, compte 4 députés régionaux sur 19 candidats effectifs (sans parler de 12 de ses 15 maïeurs hennuyers). Mais que dire alors de personnalités "fédérées" en tête de liste : au PS, Di Rupo en Hainaut, Eerdekens à Namur, Daerden à Liège; au CDH, Fonck en Hainaut et Antoine en Brabant wallon (Cerexhe à Bruxelles et Simonet à Liège n'y étant "que" deuxièmes).
Les raisons et les prétextes
Passons sur un Di Rupo, que sa posture présidentielle expose à tous vents. Mais faut-il prendre au mot le PS liégeois, qui jure que tous les candidats "sont sus ceptibles de siéger", y compris son champion de la "daerdenmania" ?
André Antoine, lui, dont le parti n'est pas riche en "locomotives" brabançonnes, l'a avoué : "Je resterai au gouvernement wallon". Pourquoi aller au charbon, alors ? Euh... Parce que des compétences comme la recherche ou l'emploi s'imbriquent, et que l'expertise des Communautés et Régions peut s'avérer utile pour porter ces thèmes au fédéral...
Soit, ne tournons pas autour du pot - enfin, de l'urne. Quelles que soient les places (cocher un dernier suppléant apporte bien sûr une voix à la liste) et les justifications (ne seraient-elles que de "soutien" aux amis), aucun parti (à intensité variable) ne résiste pas à la tentation de caser les plus connus pour récolter un maximum de voix, quoi qu'ils fassent aujourd'hui et quoi qu'ils veuillent faire demain de leur score personnel. Une seule situation peut fournir une autre explication. C'est, prosaïque, celle de ministres qui ne sont pas ou plus parlementaires et qui assurent leurs arrières comme élus s'ils devaient ne plus être ministres.
Reste que ces candidats "pour du beurre" font problème. Le système amène les vedettes à être en campagne permanente, sur des enjeux qu'ils ne connaissent pas forcément; il crée chez l'électeur, surtout, un sentiment de confusion lorsqu'il vote et/ou de frustration après coup lorsque ses préférences s'avèrent inutiles.
Un précédent wallon
Régulièrement d'ailleurs, il est question de mettre fin à l'embrouille. On songe à des propositions CDH en 2003 (fédérales) et 2004 (régionales), ou MR cette fois. Bref, les partis s'en soucient lorsque c'est la concurrence qui profite des notoriétés ministérielles ! Convenons aussi qu'il n'est pas si simple de ménager la liberté d'être candidat et le respect de la volonté de l'électeur...
En Wallonie, on a quand même innové pour le 8 octobre, en stipulant que les parlementaires n'étaient plus éligibles aux élections provinciales. Des intéressés s'en émurent, vu l'unicité du cas. La Cour d'arbitrage, saisie par des recours (MR), donna raison au législateur : il était légitime de garantir l'effet utile du vote des électeurs et donc de proscrire les candidatures virtuelles; il n'était pas disproportionné de fixer une inéligibilité puisque les concernés pouvaient démissionner de leur mandat parlementaire s'ils voulaient être élus dans leur Province... Exemple à suivre ?
Evidemment, la question ne se poserait pas tant si on rejumelait les scrutins fédéral et régional, avec interdiction de candidature simultanée à plusieurs niveaux. Mais c'est là, déjà, une autre histoire...
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